L'eau coulait doucement sur le poil de la bête tandis que ses doigts faisaient mousser le shampoing dans son pelage pour le faire disparaître sous le jet d'eau. La petite bête fermait les yeux, émettant un petit jappement de satisfaction pendant son massage. Ce n'était pas qu'il était bien sale, mais il était toujours agréable de se faire dorloter et surtout sous les mains du grand brun qui souriant, appréciant l'instant. Il y avait une joie de savoir que l'on travaillait bien, une chaleur dans le coeur de se savoir douer dans son travail. Et tandis qu'il séchait la boule de poils, il pensait à son dresseur qui attendait dans la salle d'attente. Et tandis qu'il coupait les mèches rebelles devant les yeux du Évoli qui devait l'incommodé, il se demandait s'il devait l'inviter à souper dans un beau restaurant pour lui chanter la pomme avant de rire de lui-même. Ce n'était pas lui de se poser des questions. Quincy aimait vivre les instants dans l'impulsivité, prendre les choses comment elle venait. Et alors qu'il nouait un joli noeud rouge autour du cou de sa cliente, il eut une surprise. Une lueur vive, un changement de forme, le tout dans un nuage parfumé de jasmin. Sourire aux lèvres, il était temps de faire une mise en scène.

La lumière dans la salle d'attente devint tamisé. La musique lofi changea pour une chanson beaucoup plus connue pour ses notes suaves. Et alors que la voix féminine commence les premières paroles de Take my breathe away, Quincy apparaît sur le cadre de la porte séparant l'accueil du reste de l'institut. Son dos est appuyé, sa jambe droite est pliée pour que son pied s'y appuie également. Entre ses dents se trouve une rose dont les épines ont été coupés pour éviter les blessures - parce que rien ne devait déranger cette mise en scène. Il lève les bras en l'air, tournant son visage de façon sensuel vers son meilleur ami, avant de se plaquer contre le mur de façon dramatique, glissant son corps vers le bas puis remontant avant de marcher comme un top modèle sur une passerelle, avec un regard de braise.

▬ Ô, Blair.

Sa voix est un murmure, il se veut attirant, il se veut charmant. Il tend son bras vers toi, t'obligeant du regard à prendre cette rose. Ses mains se placent de chaque côté sur les appuies bras de la chaise. Ils sont seuls dans les lieux et le jeune Addams en profite. Il s'assoie alors sur les jambes de son ami, ne lui laissant pas la possibilité de quitter, de résister. Après tout, Blair n'est pas à sa première extravagence avec le toiletteur. Son index glisse sous son menton qu'il flatte doucement, approchant ses lèvres. Assez proche pour sentir son souffle, assez loin pour qu'il n'y ait pas baisé. Il résiste à la tentation, à son désir actuel, mais clairement, il y a toujours eu une tension entre eux. Ce n'était pas pour rien qu'ils étaient ce qu'ils étaient. Que les dernières fois qu'il avait eu besoin de réconfort, Quincy le lui avait donné en partageant sa chair, troquant sa colère pour le désir.

▬ Ne m'en veux pas. J'ai une surprise pour toi.

Et sur ses lèvres se tracent un sourire de satisfaction, son regard devient félin, devient chasseur. La tension monte alors qu'il sent que sa cible a mordu l'appât. Les mains de Blair sont chaudes, agréables sur sa peau. Alors qu'il le tire vers lui, Quincy arque un sourcil, surpris par cette attitude, parce que Blair est normalement réservé dans un lieu public. Peut-être était-ce parce qu'ils sont seuls. Le propriétaire glisse sa langue sur ses lèvres, les humidifiant en vue de sa prochaine action, près à lui voler son souffle comme le suggère la chanson en arrière-plan. Jusqu'à ce que le carillon de la porte résonne et qu'il sursaute. Le temps a passé si vite ou le prochain client est en avance? Quincy s'apprête à se relever d'un bond, mais voilà qu'il est devenu souris et que le chat se fait plaisir. Les mains de Blair se glisse sous son chandail et bien qu'en temps normal il apprécierait la chaleur de ce corps sur le sien, un grognement sort de sa gorge, l'insatisfaction d'être retenu. En d'autres situations, il aime perdre le contrôle, mais pas ici, pas dans ses lieux et Blair le sait très bien.

▬ Attends !

Sa main s'étire vers son client, vers le voltoutou qui s'est retourné et dont le pelage a besoin clairement d'attention, de la magie de ses mains. Il se sent mal pour ce dernier, pour ce qu'il vient d'assister et aussitôt, Quincy réalise. Le rendez-vous était au nom de Peter, mais la lumière ne s'était pas allumé avant dans son esprit, c'est le visage de Blair qui lui donne la réponse finale alors que ses bras sont devenus spaghetti à côté de lui. Quincy quitte ses cuisses et se remet sur pied, lissant son tablier avec la paume de ses mains. Il se râcle la gorge et sort son téléphone, rallumant les lumières et changeant la musique pour une sonorité plus douce, plus digne d'une salle d'attente.

▬ Tu peux aller rejoindre Pozëmka, elle doit avoir terminée sa gâterie dans la salle de soin numéro 1. Un bon petit supplément d'huile de poissons pour un pelage bien brillant!

De son regard, il lui fait signe d'aller vers l'arrière et vite. Il se retient de claquer des doigts pour le faire obéir, il veut seulement qu'il s'éloigne de Leslie pour lui permettre de désamorcer la bombe. Parce que oui, Quincy apprécie les moments charnels et les attentions que Blair lui donnent, mais Quincy sait qu'il n'est pas l'amour de ce grand brun. Il prend ce qu'il peut, quand il le peut. Il s'amuse avec lui, mais ça ne serait pas drôle si son meilleur ami restait blessé dans toutes ses situations. Ainsi donc, sourire aux lèvres, Quincy s'approche de Leslie, lui prenant la main pour la lui serrer et se présenter.

▬ Pardon, pardon ! Je n'avais pas vu le temps passer. Bienvenue chez The Queen! Ne partez pas voyons, pensez à ce cher Peter.

Quincy se penche vers la petite bête et lui présente le dos de sa main, attendant de voir si la petite créature allait le renifler avec bonheur ou lui japper après. Après tout, la réaction de son dresseur laissait comprendre que la situation ne lui convenait pas et de se braquer ainsi pouvait affecter le voltoutou.

▬ Ce petit bonhomme a clairement besoin d'une bonne coupe. On parlait d'un shampoing avec massage au téléphone , c'est toujours ce qu'on voulait? J'ai différents parfums, je vous invite à sentir les échantillons sur le présentoir à votre droite. Quincy se retourna vers Peter, le visage éclatant de bonheur. Et toi, je suis certain que tu aimerais un bon massage des papattes et avoir les p'tits coussinets tout doux après mes soins ! Puis, Quincy se relève, analysant le fameux Leslie, le regard allant de la tête au pied. Et pour que ce mouvement de yeux ne semble pas être que de mauvaises intentions, Quincy joint ses mains ensemble et lui fait un petit clin d'oeil. Je gage que vous êtes plutôt café que thé? Vous en voulez un en attendant que Peter se fasse une beauté?

Et oui, il parlait. Encore et encore, parce qu'il était hors de question de laisser partir un client. Surtout si c'était Leslie. C'était le temps d'apprendre qui était ce fameux garçon qui mettait Blair dans cet état après leurs retrouvailles.

Le sourire est présent, mais amer. Parce qu'il le sent que celui devant lui le prend un peu pour un con, comme il le fait actuellement en tentant de le flatter dans le sens du poil, mais clairement, ça ne fonctionne pas. Il faudrait être idiot pour penser que la situation était tout à fait normal, mais Quincy se réjouissait d'avoir un coup d'avance sur ce jeune homme. Parce qu'après tout, lui savait qui il était, mais ça ne semblait pas récipropre et alors, il sentait qu'il pouvait jouer avec cette corde.

▬ Oh! Vous savez, c'est les risques du...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'un bruit se fit entendre. Et pas n'importe quel bruit. Quincy savait parfaitement ce que c'était et il n'en croyait pas ses oreilles. Tentant de garder un sourire sur le visage, ses traits devenèrent raide, figé, crispé. Ce sourire était forcé et il s'excusa pour aller appuyer sur la touche d'annulation, ne souhaitant pas voir des pompiers arriver dans sa boutique en croyant qu'il y avait un feu, parce que c'était bien cette alarme que Blair venait de déclencher. Jurant dans sa barbe, Quincy se dirigea vers la salle numéro un avec les points serrés, ouvrant la porte avec autant de douceur que son ami qu'il avait maintenant envie de rôtir davantage qu'il l'était déjà. Un petit mot lui disait qu'il allait le rappeler plus tard. Petit mot qu'il écrasa dans sa main en riant, de ce rire désagréable, de cette rage dans la gorge. Oh non, il n'allait pas s'en sortir si facilement. Le tout était amusant, il l'avait cherché en glissant ses mains ainsi sous son chandail, il n'allait pas lui enlever son petit plaisir aussi facilement.

Tel une fusée, Quincy retourna à l'avant où était Leslie, mais ce n'était que rage dans les yeux. Il lança la boule de papier sur le bureau de la réception et attrapa le combiné, composant le numéro de Blair sans attendre. Boîte vocale. Il raccrocha agressivement et recommença, mais cette fois, près à laisser un message.

▬ TU POURRAIS AU MOINS RÉPONDRE. t'sais que tu as même pas payé? j'sais pas ce qui me retient d'appeler la police pour signaler au vol! non, mais sérieux? t'es lâche, dude. come on.

Et il raccrocha, plus doucement cette fois. Il se doutait bien que Blair n'allait pas revenir, pas s'il avait fuit aussi facilement, la queue entre les jambes. Il lui laissait dix minutes pour rappeler, maximum. Et après, probablement qu'il signalerait la police, juste pour rire. Ou pour que Blair revienne le voir, que ce soit de colère ou non. Un grand soupir et the drama queen remit son masque de propriétaire, souriant et accueillant, la veine toujours gonflée dans son front. ll fit le tour du grand comptoir et se pencha vers Peter.

▬ pardon, pardon ! on était donc rendu à ce beau garçon. alors, si vous pensez qu'il peut avoir peur, alors vous pourriez venir avec nous de l'autre côté pour le rassurer. Il se releva, Peter dans les bras maintenant, lui flattant sous le menton comme il caressait son amant un peu plus tôt en se dirigeant vers l'arrière de la boutique. n'ayez pas peur, Leslie, moi non plus, je ne mords pas.

Il lui fit un petit clin d'oeil et se rendit vers la salle de soin général où il toilettait et préparait le pokémon avant d'aller dans une salle plus intime pour faire massage et petits soins complémentaires, détente et gâteries au menu. Peter allait peut-être relaxer, mais rien n'était promis pour son dresseur.

La musique était douce dans la pièce, l'évier encore humide par le toilettage du jeune évoli quelques minutes avant, on pouvait encore sentir le jasmin autour de vous. Or, ce parfum allait être vite remplacer puisque Peter n'aimait pas le fleural, Quincy avait décidé d'y aller pour des notes de bois de santal blanc. Une odeur qui était reconnue en cosmétique pour ses propriétés revitalisantes, mais également en aromathérapie pour lutter contre l'anxiété et le stress, clairement une odeur qu'allait avoir besoin d'humer Leslie après la rencontre d'aujourd'hui. Mais était-ce la vraie raison? Absolument pas. En cette odeur, le toiletteur reconnaissait les effluves d'un grand brûlé, d'un petit mâlin qui venait de prendre jambes à son cou en réalisant qu'il s'était mis les deux pieds dans les plats, et pas qu'un peu. Il avait voulu nuir à sa réputation et c'était maintenant la sienne qui était dans les eaux troubles. Le karma n'est-il pas une belle chose parfois? Quincy ne pouvait que sourire de satisfaction en enfilant des gants doublé de caoutchouc pour que les pokémons comme Peter ne puisse pas le blesser en lui communiquant leur insatisfaction. Il restait les morsures, mais ça, il en avait l'habitude.

Quincy s'approcha du chien, lui donnant une petite gâterie en le flattant doucement pour l'habituer aux gants. Il fit signe à Leslie de s'approcher plus près, il pourrait lui tenir la patte comme il viennait d'en parler. Doucement, il commença à faire couler l'eau, laissant le pokémon s'habituer au son, puis l'arrosa un peu, afin d'y voir un jeu, la douceur de l'eau. Il continuait de le flatter et prit la main de Leslie pour la mettre sur la tête de Peter qui semblait tout de même nerveux. Il fit mine de réfléchir face à ses questions.

▬ quincy. quincy addams. et bien évidemment que blair m'a parlé de toi.

Il commença à faire mousser le savon dans ses mains puis commença à faire un premier lavage, gratouillant le voltoutou sous le ventre, derrière les oreilles, au plaisir de voir sa queue remuer de plus belle en étant sous son menton. Il laissa un silence volontaire, le laissant mijoter dans cette absence de contenu, cette absence de suite avant de poursuivre.

▬ depuis dix ans environ. ça faisait pas longtemps qu'il était arrivé ici en tout cas. ça tout de suite cliquer.

Pourquoi ajouter la dernière phrase? Parce qu'il voulait voir des réactions. Parce qu'il était curieux de savoir ce que son client allait dire, jusqu'où il pourrait poser des questions, jusqu'où il allait se poser à lui-même des interrogations. Pourquoi le tutoyer à présent? Parce qu'il avait de se rapprocher de lui. Son regard était fixé sur son visage, volontairement, avec ce sourire chasseur, ce sourire qu'il aimait tant faire, accompagné de ce regard doux que l'on pouvait confondre avec de la séduction. Ou pas. Sa main passa du menton du pokémon à la main de Leslie qu'il effleura avant de continuer son chemin sur la nuque puis le dos du chien. Il passa ses mains sous le jet d'eau et attrapa la hose, laissant le jet délicat retiré le savon qui s'écoulait dans l'évier. Par maladresse volontaire, il arrosa un peu Leslie au niveau du chandail, un mouvement de main qui dirigea l'eau de façon accidentelle, ou peut-être pas. Quincy voulait laisser planer le mystère, feindre l'innoncence.

▬ oh, je suis maladroit.  y a des serviettes dans l'armoire derrière toi. silence. sinon, tu peux enlever ton chandail et le mettre dans le sèche-linge dans le corridor

Il pourrait être plus entreprenant, plus audacieux, mais Quincy sait faire preuve de retenu lorsque nécessaire et pour ce qu'il tentait de vérifier, il se devait de ne pas trop pousser le bouchon, déjà qu'il était proche de faire déborder le vase émotionnel de Leslie. Il n'avait pas besoin de pouvoir lire dans les pensées, les réactions du petit brun étaient assez expressives et comme un livre ouvert, Quincy savait qu'il avait atteint sa cible lorsqu'il se recula vivement, lorsque les mots qui traversèrent ses lèvres furent aussi sèche qu'un désert ardent.

▬ je me suis mal exprimé, ne te met pas dans cet état. à côté du sèche-linge, il y a des chandails noirs. c'est des t-shirt avec le logo de l'institut. c'est pas de la grande mode, mais ce sera mieux que d'être mouillé. tu les trouveras facilement. les salles un et deux sont libres, tu peux y aller pour te changer en toute intimité. ou reste trempé, c'est toi qui voit.

Et il lui adressa un sourire, cette malice qui avouait qu'il le prenait un peu pour un con. De ce sourire qui n'était plus chasseur, mais joueur. Parce que Quincy essayait de le tester, de savoir s'il était facile de lui donner des idées, s'il mordrait à l'hameçon. Or, Leslie ne savait pas que la ligne était encore à l'eau, mais que le pêcheur attendrait une autre rencontre pour remettre un appât. Trop rapide, il ferait fuir sa proie, il fallait du temps, de la patience. Il faut comprendre que le dramaqueen aime Blair, chérit la relation qu'ils ont, même s'il s'était enfui comme un lâche. Or, il ne veut pas être avec lui, seulement avec lui. Le jeune Addams a besoin de liberté. Seulement, il veut son bonheur, à Blair, même si son bonheur mesure un mètre soixante-douze. Puis, il y a cette partie égocentrique de sa personnalité qui refuse le changement, cette petite peur qui grandit depuis que Leslie avait recroisé le chemin de son meilleur ami. La peur de perdre la chaleur de Blair dans son lit, que ce qui s'était batti entre eux s'effrite et ne devienne que souvenir. Alors Leslie, prouve-lui que tu aimes vraiment que lui, prouve-lui que tu le mérites, parce que the Queen n'est pas prêt à céder sa place aussi facilement.

▬ de toute façon, on va être rendu à la coupe puis un séchage. tu peux nous attendre dans une salle ou retourner à l'accueil pour choisir un foulard. il restera un p'tit soin des pattes et des griffes, une trentaine de minutes environ.

Après tout, il avait un travail à exécuter et un client qui était bien parfait, beaucoup moins effrayé que son dresseur, beaucoup moins nerveux que ce dernier. Entre temps, le cellulaire du toiletteur émit un son de klaxon de clown et il sut que Blair lui avait envoyé un message texte. Peut-être était-ce un virement pour payer les frais ou alors une réponse à son message bien énervé, mais voilà que Quincy n'avait pas encore décidé s'il acceptait l'argent ou s'il appelait tout de même les autorités, question de faire une petite frayeur à ce dernier. Une chose est sûre, il allait lui en devoir une et clairement, le grand brun allait abuser de la situation.