Téléphone à la main, tu relisais votre conversation en attendant son arrivée. Pouvait-on réellement dire que cet échange de mots en était une? Il y avait des excuses courtes et touchantes, puis un silence. Ensuite, tu lui demandais si vous pouviez vous revoir, d'abord pour une capture, mais il n'avait rien dit. Ensuite, tu lui as proposé un entraînement pokémon et encore, le silence. Puis, tu as essayé  une troisième fois en lui proposant seulement de prendre un verre, que cela concernait Leslie. Peut-être était-ce la mention de ce nom qui avait été le bon appât, car il t'avait répondu. C'était tout aussi court, un simple oui, mais au moins, il y avait eu réponse.

Il était dix-sept heures, ta journée de travail était terminée. Tu étais entré dans le Meltdown qui était déjà occupé par ses habituées, mais tu avais eu le chance d'avoir une banquette, au fond, assez intime, sans pour autant être trop solitaire. Tu entendais bien la musique et le brouhaha des conversations autour de toi. Un employé te demanda si tu voulais quelque chose en attendant, tu hésitas un peu, peut-être était-il mieux d'attendre ton invité, mais tu te voyais mal attendre avec rien devant toi. Ainsi, tu lui demandas de t'emporter un simple virgin mary, la version modifiée du bloody caesar, sans la touche d'alcool. Parce que tu avais envie d'avoir toute ta tête, parce que tu savais que la vodka n'arriverait pas à effacer ta nervosité en ce moment.

Tes doigts pianotaient sur le verre alors que ton Ténéfix était à tes côtés, comme toujours. Ce dernier était bien calme, plutôt épuisé par la journée, mais pas assez pour avoir le désir de dormir dans sa pokéball. À la place, il se blottit contre toi et ferma les yeux, ses diamants cessant de briller pour le restant de la soirée, du moins, l'espérais-tu, pour avoir une conversation plutôt douce sans avoir à le gérer en même temps. Car un Guzzler qui se réveille est souvent un Guzzler qui a faim. Ton regard était fixé sur l'entrée et tu regardais l'heure, puis l'entrée et l'heure à nouveau. Tes doigts continuaient de marteler le verre. Et s'il te posait un lapin? Et s'il ne venait pas? Et s'il était encore fâché? À vrai dire, tu te sentais encore mal à l'aise de toute la situation, même si tu ne la saississais pas. Étais-tu trop naïve pour en comprendre l'essence ou était-ce seulement qu'il te manquait des morceaux du puzzles pour le compléter? Néanmoins, tu étais prête, malgré ta nervosité, prête à l'affronter, à mettre les points sur le i. Parce que s'il y a bien quelque chose que tu n'aimes pas dans la vie, c'est de ne pas savoir ce que tu as fais de mal, que l'on t'en veuille sans raison. Tu avais besoin de réponses à tes questions.

Tu pris une gorgée et soupira, tentant d'expirer ta nervosité. Tes doigts flattaient le dessus du crâne de ton pokémon et tu te concentras sur ce geste, tu te concentras si fort que tu ne réalisas pas que des pas se faisaient entendre, des pas en ta direction et que bientôt, tu ne serais plus seule.

Tu étais sur le point de prendre une nouvelle gorgée qu'il s'installa devant toi, te faisant sursauter tant tu étais perdue dans tes pensées. Ton geste dérangea Guzzler qui se réveilla, réalisant que de nouveaux arrivants étaient là. Il y avait cet homme puis surtout cette boule de poils et sa réaction vis-à-vis le petit elfe le rendait tout heureux. Tel un enfant qui revoyait un ami, il se leva debout, appuyant les pattes contre la table laissant un cri de joie s'échapper de sa gueule et se déplaça le long de la baquette pour la rejoindre. Il ne faisait attention à rien, trop heureux, trop excité, qu'il fit renverser ton verre. Tu eus au moins le réflexe de le redresser avant que l'entièreté de son contenu se déverse sur la table, mais une mare rouge était là, peut-être même y avait-il un chemin vers Blair, la lumière tamisée du bar ne te permettait pas d'en être sûre.

▬ Et merde..

Tu te relevas d'un bond, te cognant le genou à la table, maudissant entre tes dents ton adorable pokémon qui avait maintenant ses doigts sur le sommet du crâne de l'Evoli, la flattant avec une douceur qui t'étonnait. Tu n'avais qu'une simple napkin qui ne fournissait pas à ramasser ton dégât, mais tu faisais de ton mieux. Heureusement, le serveur était toujours là, attendant vos réponses quant à savoir si vous alliez manger ou non. Tu fis une pause, soupira et l'implora du regard de faire quelque chose, espérant à tout prix que les pantalons de Blair n'avaient pas été mouillé par la vague Ténéfix.

▬ Des bâtonnets de fromage et vos p'tites bouchées de Flingouste à la noix de coco. Et des serviettes de table. Beaucoup de serviettes de table. Merci ! Et toi, tu prends quoi?

Tu gardais tout de même ton sourire au visage, même si tes yeux criaient au désespoir. Parce que tu voulais faire bonne impression, parce que tu voulais que Blair ne s'enfuit pas en courant face au désastre naturel que tu pouvais être. Tes fesses reprirent place sur la banquette alors que le serveur repartait dans un pas un peu trop lent à ton goût, considérant ton breuvage toujours à moitié sur la table et un peu au sol. Ta napkin faisait office de rempart qui menaçait de céder à tout instant.

Puis, tu restas là, à fixer le silence, à le fixer lui. Parce que tu n'avais pas compris que sa question n'était pas de savoir si tu voulais manger, mais plutôt de savoir pourquoi tu lui avais demandé de venir ici. Tu n'étais pas le crayon le plus aiguisé de la boîte, mais tu avais d'autres belles qualités pour compenser, n'est-ce pas? Ton regard dévia, parce que veut veut pas, Blair était un peu intimidant avec ce visage neutre et ses mots directs. Tes pupilles observaient les deux pokémons qui semblaient s'apprécier et qui heureusement, ne dérangeaient pas plus que ça.

▬ Comment ça va depuis l'autre jour?

Tu voyais ton Ténéfix tenter de garder les yeux ouverts, lui dont la sieste avait été interrompu. Tu le voyais combattre pour jouer avec sa nouvelle amie, mais tôt ou tard, il finirait par roupiller sur la banquette, peut-être même coller contre elle qui semblait bien l'aimer. Tu les imaginais en boule l'un contre l'autre et clairement, une photo allait être prise pour immortaliser ce moment tant il allait être unique. Guzzler s'entendait bien aussi avec ta nouvelle capture, mais avec les pokémons des autres, c'était toujours un peu différent. Comme Peter qui pouvait l'apprécier, mais également en avoir peur. Néanmoins, ton attention revint sur le principal intéressé lorsqu'il te répondit et naturellement, tu haussas un sourcil, tournant le visage vers lui avec une pointe de tu te fous de ma gueule dans le regard.

▬ Il y a une raison pourquoi tu t'es frustré l'autre fois? Parce que, non, ça va pas. J'aime pas ignorer ce que j'ai fais de mal. Non, j'aimerais pas que Leslie se sente pris entre deux personnes si on se recroissent en sa compagnie. Alors, si je t'ai proposé de venir ici, c'était pour remettre les points sur les i et tenter de comprendre ce qui pouvait bien t'avoir embêter à ce point pour qu'un malaise s'installe.

Tu fis une pause, prenant le temps de respirer après avoir vider ton sac. Tu pris le temps de prendre une gorgée avant de sourire doucement, un sourire sans dent à la colgate, un sourire qui se voulait doux, qui voulait suggérer à la discussion.

▬ Écoute, Blair. Pars pas, s'il te plait. Parce que oui, tu avais peur qu'il se dise que ça lui tentait pas de gérer ce type d'histoire ce soir et qu'il te laisse en plan sur cette banquette. C'est seulement dans ma tête qu'on s'était bien entendu l'autre fois au ruisseau? Je pensais qu'on était sur de bonnes bases pour devenir ami.. alors explique-moi.

Et tu le fixas, attendant, tandis qu'un serveur intrigué et malaisé vint porter vos commandes, prenant son temps pour poser les assiettes, comme s'il attendait lui aussi une réponse.

Tu l'écoutais en prenant un morceau de langouste à la noix de coco, appréciant le craquant sous la dent, la chaleur de la friture, le sucré de la noix. Et bien que les saveurs étaient délicieuses, tu avais un coup amer sur la langue. Parce que les mots qu'il te disait te semblait injuste. Parce que tu n'aimais pas ce qu'il insinuait. Parce qu'à tes yeux, Blair s'était mis des oeillères et ne voyait la situation que sous son angle, sans prendre de recul. Tu repris un autre morceau, le bâtonnet de fromage cette fois, faisant craquer la croûte, l'étirant en regardant le filet de mozzarella démontrer son élasticité jusqu'à l'engloutir. Décidément, la cuisine d'ici était agréable, mais n'allait pas réussir à faire passer ce sentiment, cette nervosité dans tes intestins à parler, à donner ton opinion plus vivement. S'il s'était éclipsé la dernière fois dans les toilettes, probablement qu'il quitterait les lieux tout simplement cette fois si tu insistais trop. Tu avais beau avoir la déduction d'un psykokwak, tu savais qu'il était revenu qu'à cause de Leslie l'autre jour, même si c'était avec un silence lourd et un malaise palpable.

▬ Je sais bien que c'est pas parce que je suis amie avec Leslie que ça veut dire que je suis ton amie.. Je suis pas aussi sotte que ça.

Duh que tu aurais envie de rajouter, mais clairement, ça n'aiderait pas ta cause d'agir ainsi. Alors tu restes souriante en tapotant ton verre, trahisant la nervosité qui t'habites. Parce que oui, tu n'aimes pas qu'il est cette mauvaise opinion de toi. Parce qu'on veut tous être aimer de tout le monde. Or, étais-tu capable de comprendre que parfois, y a des gens avec qui ça ne clique tout simplement pas? Pourtant, petit rayon de soleil que tu es, pourquoi lui ne pouvait pas t'aimer comme d'autres t'appréciaient? Avais-tu besoin de son approbation à ce point? Certes, tu n'aimais pas ce sentiment de rejet, tu n'aimais pas avoir eu tord sur cette relation naissante et tu regrettais tes mots provoquants de la dernière fois.

▬ Je sais que tu es parti et que j'ai été là lorsqu'il en avait besoin. Votre histoire vous appartient et entre ce qu'il m'a dit de toi et ce que je vois de toi, je suis capable de faire ma propre idée. Silence. Pause. Gorgée. Le verre est vide, panique. Blair a effrayé le serveur. Je suis désolée d'avoir réagi de cette façon la dernière fois.

Parce que tu avais agis comme une enfant à vouloir le provoquer. Il avait commencé, mais tu avais continué et le tout n'avait été que de blesser, briser ce qui n'avait pas commencé, tuer dans l'oeuf ce qui aurait pu être une amitié. C'est ainsi que tu le voyais. Alors que vos pokémons s'entendaient si bien, tu trouvais dommage que entre Blair et toi, ça s'arrête sur cette note. Peut-être qu'avec le temps, tu allais pouvoir le faire changer d'avis. Peut-être que lorsque de l'eau allait avoir couler sous les ponts, vous serez capable d'avancer vers un autre chemin? Après tout, avec Leslie comme point commun, peut-être alliez-vous vous recroisez, mais encore, c'était relatif. Allais-tu vraiment arrêter sur cette note ou allais-tu pousser le bouchon, forcer les choses, tenter à tout prix de lui faire entendre que tu étais une bonne personne, que tu étais une bonne amie, que tu serais un atout dans sa vie? Comment convaincre quelqu'un qui semble ne pas pouvoir être ouvert? Tu avais ce goût amer encore qui restait sous ta langue et tu pris une autre bouchée, puis une autre, alors que Guzzler te regardait curieusement, inquiet de te voir t'empiffrer comme lui le faisait habituellement.

Peut-être était-ce parce que Blair avait la bouche pleine à ce moment ou parce qu'il y avait un silence à votre table, mais le serveur réapparut et tu en profitas pour commander autre chose. Cette fois-ci, tu lui demandas quatre shooters de tequila rose, ce petit nectar à la fraise qui s'avalait plus facilement que la tequila classique. Tu avais l'intention de partager avec Blair malgré ses paroles, puis tu te commandas un verre de sangria, parce que c'était festif, parce que ça accompagnait toujours tout très bien. Ta commande arriva sans trop se faire attendre alors que tu prenais la dernière langouste sur le plateau. Tu étais surprise tout de même, parce que ton verre de vin fruité avait la taille d'un pichet pratiquement, mais tant pis, ça en faisait plus à profiter. Tu partageas les shooter entre toi et Blair, même s'il n'avait rien demandé. Tu levas l'un d'eux et attendit qu'il fasse de même.

▬ J'tiens à te dire que mon offre reste là, que si tu as envie de compagnie pour aller chasser du pokémon ou pour que cette adorable boule de poils joue avec un ami, ma porte est ouverte et ça me fera plaisir. Alors trinquons. À ce qui n'est pas.

Trinquer à quoi? À rien en fait. Tu avais décidé de changer ton fusil d'épaule et de cesser de te morfondre sur ce que tu ne pouvais avoir et de profiter de ce que tu avais en ce moment. Ta tête se pencha vers l'arrière et le liquide crémeux passa dans ton gosier, puis tu enfilas le prochain sans hésitation, claquant le verre sur la table en le redéposant, comme il était coutume ou pas de le faire.

Tes sourcils se froncèrent et tu ne comprenais pas. Pourquoi refuser ton offre? Étais-tu si énervante, si ennuyante, si désagréable de compagnie? Tu savais que tes idées allaient bientôt être trompés, ou peut-être l'était-elle déjà? Avais-tu une grande tolérance à l'alcool? C'est ce soir que tu allais l'apprendre. Parce que, malheureusement pour Blair, c'était la première fois que tu buvais plus qu'un verre.

▬ Vraiment ?

Ta voix est frustrée, ton regard est identique à celui que tu avais quand tu as su qu'il était le blair de Leslie. Ce mélange de rage, de colère, d'incompréhension, mais au fond, il y avait cette petite étincelle blessée parce que oui, être rejeter faisait mal. Or, il n'y avait que confusion en ce moment. Tu prenais ses mots comme la réponse à ton offre alors que lui, te répondait concernant ton verre de shooter, mais ça, tu ne l'avais pas compris. Tu étais à côté de la plaque, manquant le point à cent mille à l'heure. Ça n'empêchait pas ta frustration d'être légime et alors, tu pris le verre de shooter et renversa ta tête vers l'arrière, l'envoyant dans le gosier. Puis tu répétas la même chose avec le deuxième verre, tant pis pour lui, il méritait pas que tu dépenses ton précieux argent pour lui. T'avais travaillé dur pour le gagner et tu travaillais dur pour gagner son respect. Et pourquoi comptait-il autant pour toi? Tu ne pouvais pas te l'expliquer.

Tu te levas à moitié sur ton banc, le pointant du doigt, le brandissant ici et là en répétant:

▬ Ô toi, ô toi, Ô toi !

Mais ta phrase n'aboutissait à rien, à aucune fin, tu n'arrivais pas à dire le fond de ta pensée parce que voilà que la pensée n'était plus vraiment là. Tu voyais Guzzler qui avait du plaisir et tu te voyais toi, patiner dans tes propres échecs relationnels. Tes fesses reprirent leur place sur la banquette et tu plissas les yeux face à Blair, avançant ta main pour lui donner une claque sur ses doigts qui se tendait vers ton assiette.

▬ Personne t'a dit que tu pouvais te servir, en !

Bon, alors, il fallait prendre note qu'Alexis avec quatre shooters dans le nez, ça donnait une Alexis un peu plus directe. Alors, tu pris le bâtonnet qu'il semblait convoiter et le mit sous ta dent, prenant le temps de le manger en le défiant du regard, les yeux toujours plisser comme un cowboy sous le soleil de midi, les Vaututrices tournant autour de vos têtes, ici étant le serveur qui revenait s'enquérir d'une future commande en voyant vos assiettes presque vide.

▬ Un fondant au chocolat, je dirais pas non!

Tu avais tout de même la présence d'esprit d'éviter d'ajouter autre chose, parce que la provocation n'avait pas eu bon effet la dernière fois. Tu aurais pu dire que monsieur a visiblement faim, tu aurais pu lui répondre les mêmes mots qu'il venait de te dire. Mais, tu restas là, la soif dans la gorge avec le salé du fromage que tu venais de manger, attirant ton verre de sangria vers toi et sirotant la paille, cette paille magique qui allait t'empêcher de dire des bêtises pour les prochaines minutes. Du moins, tant qu'il allait rester de ton breuvage parce que tu semblais bien parti pour le boire d'un trait.

Tu t'y connaissais pas vraiment en boisson, tu connaissais des noms ici et là et tu avais goûter à certains trucs, mais t'aimais bien les versions virgin, garder le contrôle. Alors pourquoi aujourd'hui était différent? Parce qu'aujourd'hui, tu en avais marre. Et puis quatre verres, était-ce si terrible? Tu ne savais pas comment compter les quantités, tu te disais seulement qu'une fois bu, tu ne te sentais pas différente. Comme si ça agissait dans l'immédiat. Quelle bêtise.

Tu regardais ton fondant au chocolat, plongeant ta cuillère dedans pour le faire couler, libérant son centre délectable, ce liquide crémeux, épais, agréable sur ton palais. Tu prenais une bouchée, un peu trop chaude, soufflant de l'air sans fermer ta bouche, mais appréciant le sucré, appréciant l'amer du chocolat noir, appréciant cette seule chaleur dans l'espace qui t'entoure. Parce que même si les mots sont plus doux, ils ne sont pas pour autant plus gentils, plus agréables à entendre.

▬ Quoi? Je.. Non. Je me saoule pas la gueule.

Tu regardes ton verre et tu restes perplexe, prenant une autre gorgée malgré tout parce qu'il te faudra le payer, autant ne pas en laisser. Et il faut avouer, tu l'aimes bien, cette boisson. De belles couleurs, de beaux fruits, de belles saveurs, ça te plaisait bien et ça se buvait très bien. Peut-être devrais-tu davantage le siroter, mais tu en avais pas envie. Tu avais soif et puis, ton gâteau était terminée. Tu regardais autour de toi, tu voyais rire, tu voyais des gens s'amuser, tu voyais des gens discuter et ton regard revient sur Blair et tu ne peux t'empêcher de te demander pourquoi vous êtes là.

▬ En fait, je vais rentrer. Ça sert à rien de t'embêter plus longtemps.

Tes mots sont comme les siens, doux, mais dur à la fois. Ton visage n'est plus ce sourire que l'on te connait, ton visage est un soleil éteint, presque. Il brille encore un peu, pour ton pokémon. Tes mains se plaquent de chaque côté de ton assiette vide et tu te lèves, un peu chambralante. Probablement est-ce parce que tu es assise depuis longtemps, te dis-tu pour te convaincre. De ta main, tu fais signe à Guzzler de te suivre et tu attends que ses petites griffes rejoignent tes doigts. Ce dernier tapote la tête du petit Évoli et se déplace pour attraper ta main et saute sur ton dos, te faisant perdre un peu équilibre. Tu vascilles de gauche à droit puis t'appuies sur une table voisine, faisant sursauter les deux personnes qui y étaient assises en renversant leurs verres dans ton mouvement. Guzzler rit sur ton épaule et tu rougis, mal à l'aise d'être maladroite, mais tu l'ais toujours alors, pourquoi croire que l'alcool serait responsable. Tu t'excuses et quittes, te dirigeant vers la caisse pour payer l'addition et probablement vas-tu payer pour Blair aussi, pour lui avoir fait perdre son temps. Ou peut-être que non. Après tout, il n'avait pas été d'une agréable compagnie, te faisant comprendre qu'il ne désirait rien à faire avec toi, alors que le résultat de votre première rencontre en avait été bien différente. Tu soupires et places ta main sur ta tête, étourdie par toutes ses pensées. Il est temps de quitter ce bar et de rentrer chez toi. Du moins, si tu arrives à rejoindre l'arrêt d'autobus.

Tes pieds avancent, mais tu vacilles encore. Le temps passe, ton foie ne filtre pas aussi vite que tu le penses et voilà que la tequila commence à t'affecter. Finalement, peut-être que tu ne tolères pas très bien l'alcool. Guzzler semble inquiet, tu l'entends émettre des sons, mais il te semble loin de toi, même s'il est proche. Tu regardes le mur de l'immeuble à côté de toi et t'en approches, laissant ta paume trouver appui alors que le monde semble tourner. Tu sursautes en entendant des mots clairs et tu te retournes, surprise de voir que ton pokémon peut parler finalement.

▬ Guzzler?

Mais ta surprise devient déception en réalisant que la personne qui t'adressait la parole, c'est Blair. Tu lâches ton mur pendant un instant, le pointant de l'index encore une fois, mais avant d'avoir le temps de répéter une multitudes de toi, tu te sentis basculer vers l'arrière, ou peut-être vers la gauche, c'est flou, mais une main te rattrape le bras, te redonnant une stabilité. Or, tes sourcils se froncent et tu lui pinces ses doigts, un à un, pour retirer sa poigne, gromellant telle une enfant.

▬ Personne t'a donné le droit de me toucher.

Et tu continues de le regarder avec tes petits yeux plissés de colère, mais tu n'es pas capable de t'expliquer ta réaction. Tu ressembles à une enfant à agir ainsi, mais tu es blessée dans ton égo par ses mots, blessée d'être rejeter si facilement. Et alors que tu pars pour ouvrir la bouche à nouveau, pour lui dire une autre bêtise, un mal de coeur te prend.

▬ Je pense que je vais être...

Oh Alexis, pourquoi prendre le temps d'essayer de le dire? Trop tard, incapable de te retourner, incapable de t'éloigner de lui. Tu voulais l'avertir, mais voilà que tu sens ce raz-de-marée qui remonte ton oesophage. Une horrible sensation, une brûlure avec un arrière goût fruité et acide gastrique, voilà que tu te plies en deux vers l'avant, vomissant près de lui, ou peut-être même sur ses chaussures. Et tu ne vomis pas qu'une fois. Il y a une tsunami Alexis sur le trottor dont la neige blanche n'est plus que couleur et odeur désagréable. Tu relèves ton visage, honteuse, tentant discrètement d'essuyer ta bouche avec le revers de ta manche, comme si rien ne s'était passé.

▬ Primcore. Tu sens un nouveau haut de coeur, mais il passe. Tu attends un peu, râvalant de la salive ou tentant de le faire du moins. Et recommmença, sur un ton de défaite. J'habite à Primcore

Tout se passe trop vite pour toi. Tu es encore là, à fixer les chaussures de Blair avec la honte dans le coeur ou est-ce seulement le mal être qui t'habite en étant malade? Puis, la seconde d'après, tu es rendue dans le taxi. Ta tête bourde, ton esprit n'est pas vraiment là. Tu es concentrée sur le bouton de la fenêtre pour l'ouvrir, parce que l'odeur que tu as renvoyé sur les bottes de Blair est intense dans un endroit fermé comme ce véhicule. Tu l'ouvres et tu laisses ta joue choir sur le bord. Tu te sens pressée par les paroles de Blair et tu ne réalises pas que tu n'es pas très utile. Après tout, tu n'as pas pensé que vous êtes déjà à Primcore. Tu t'es juste dit que tu devais prendre le bus. D'une main, tu tentes de sortir ton porte-feuille pour y trouver ton adresse et Guzzler finit le geste pour toi, bien qu'il ne comprend rien à ce qui se passe. C'est la première fois qu'il te voit ainsi et ça l'inquiète tout d'un coup. Surtout l'odeur autour de ta bouche. Il a donc pris ton porte-monnaie et l'a ouvert puis montrer au chauffeur. Ce dernier soupire et commence la route alors que tel un ponchiot, tu as le visage à l'extérieur du taxi, appréciant l'air frais sur tes joues.

Et tout s'arrête, à peine une dizaine d'immeubles plus loin. Vraiment, un taxi pour si peu de routes? Le chauffeur vous regarde en levant le sourcil, comme pour vérifier si c'est vraiment là que vous vouliez aller, mais toi, tu ne le regardes pas. Tes doigts trouvent la poignée et tu sors, sans payer. Tu n'y penses pas, tu sais que ton appartement est au deuxième étage et tu veux seulement aller dans ton lit, rapidement. Alors, tu montes les marches. Une à la fois, te tenant bien à la rampe. Tu fais une pause, la sangria commence à affecter aussi des notions de logique et ton équilibre. Tu penses à t'asseoir, tu te dis que des marches, c'est aussi bien qu'un lit, non? Alors, tu montes, sans réaliser que tu es rendu au troisième étage. Et tu cherches ta porte. Un, deux, trois. Voilà, c'est là. Puis, tu te tournes vers Blair, même si tu ne le vois pas vraiment. Tu réessaies, avec plus de force, mais ça ne rentre pas. Tu vérifies, c'est bien celle de ta porte que tu as entre les mains, celle où il est gravé 203. Alors, tu poses ta tête sur la porte, ferme les yeux et crie, un peu fort.

▬ Ça fonctionne pas.

Et tu le cherches du regard, encore, mais peut-être as-tu besoin de lunettes, parce qu'il semble encore être en bas. Oh pauvre Alexis, tu as envie de pleurer, tu es épuisée de la soirée. Et tu t'approches de la rampe, faisant signe de la main à Blair qu'il y a un problème, faisant signe pour qu'il monte. Et tu vois tes clés qui quittent ta main. Tu les vois au ralentis et tu n'as pas le réflexe de les attraper, juste de regarder.

▬ Oups.

Tu as un peu le vertige à le regarder de là-haut. Ça donne le tournis, même que tout semble déjà tourner. Et le mal de coeur te reprend. Pourtant, tes yeux ne peuvent pas le quitter. Il te semble tout petit, mais surtout trop rapide. Parce que Blair apparaît déjà près de toi et les mots qu'il te dit ne sont pas douceur. Il est tanné, ça se voit, mais tes yeux à toi, ils sont saoul et ne le remarquent pas. Comme tu ne vois pas ce voisin qui ouvre sa porte, tiré de son sommeil, en maugrant des mots pendant que Blair te ramène au bon étage. Tes pieds essaient de suivre le rythme des siens, mais tu manques trébucher plusieurs fois, bien qu'il te tient par le bras. Guzzler est déjà à côté de la porte, depuis le début, dans la confusion totale de la situation.

Ta porte se fait ouvrir, tes clés se font lancer. Il y a Moka qui apparaît dans le cadre de la porte et qui hésite à grogner contre le brun qui semble furieux. Est-il responsable de l'état de sa dresseuse? Elle n'en sait rien et lâche un petit jappement en venant renifler les pieds de ce dernier qui sent horrible.

▬ Bonne nuit, Blair.

C'est déjà surprenant que tu ais réussi à enchaîner ses mots. Tu refermes la porte et te laisse choir contre celle-ci, glissant jusqu'à ce que tes fesses touchent le sol. Tu fermes tes yeux, juste une seconde, ça tourne trop autour de toi. Moka vient se blottir sous ton bras, sa truffe humide tente de te réveiller, mais c'est trop tard, tu as déjà quitté vers un autre monde avec la grâce d'un Ronflex, tu es déjà en train de ronfler. Il reste Guzzler qui revient vers toi, même si tu es dans l'entrée, avec un coussin et une couverture. Ils ne comprennent pas trop ce qui t'arrives, mais ils sont là, ta petite famille à toi, près à dormir là malgré les enfluves qui émanent de ta bouche, malgré ta position peu confortable, peu importe.