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« - C’était basique. Je ne mérite pas tant d’applaudissements. »

Il y a ce sourire narquois au coin des lèvres ;
évidemment,
comment se priver d’une petite pique, une petite remontée d’égo -il n’avait pas souvent l’occasion de l’étaler, alors pourquoi la laisser s’échapper quand elle se présente et simplement en profiter. A en croire le regard qu’il portait au reste de l’assemblée, les autres observateurs l’ennuyaient… Pas de paroles, tous écoutant bien sagement -de parfaites petites recrues, trop disciplinées peut-être. De quoi avaient-elles peur, de ce gamin ?
Impensable…
Lui-même n’aurait pas ne serait-ce que le moindre frisson d’inquiétude à son égard.
Et tandis que le reste du groupe prenait place, lui n’avait même pas quitté la chaise sur laquelle on l’avait si gentiment invité à s’asseoir ; pourquoi faire après tout, il n’y avait pas d’intérêt à ça. Et le voilà qui se remettait à soupirer, regard gorgé de lassitude, se balançant d’une tête à une autre sans y trouver de point d’accroche…

Les murmures lui échappaient s’il y en avait ;
mais pas les mimiques,
la tension,
les regards inquiets.
Bien sûr qu’il écoutait les consignes mais à ses yeux ça n’avait rien de si compliqué ; il se débrouillait, maîtrisait déjà ces notions-là. Des difficultés qui n’étaient qu’un jeu d’enfant pour lui et sa confiance exacerbée.

« - Tu peux tout me dire, tu sais ~ »

Sa voix était revenue à ses oreilles ;
mais
il n’y eut que ces mots que son esprit voulu réellement capter. Tout lui dire, tout lui dire… A cet instant Samail eut le sentiment étrange que ce garçon avait quelque chose -quelque chose qui lui ressemblait.
Et c’était aussi agaçant qu’amusant.

« - Tu t’intéresses à moi, maintenant, Persil ? »

A nouveau ce sourire railleur ;
et le respect qui éclate en morceaux, parce qu’il avait décidé de cesser les formalités inutiles et c’était de loin ce genre de communication qui lui convenait -sans oublier ce petit surnom, simple revers de médaille en réponse à celui qu’il lui avait attribué.
Sérieusement,
Samail,
tester les nerfs de ton supérieur de cette manière n’avait pas grand chose d’une bonne idée…
Et pourtant ça n’était rien qui l’effrayait.

« - Je n’aime pas vraiment parler de moi. Mais bon, si tu veux tout savoir… Je peux faire une exception, ça brisera ce mauvais départ entre nous. »

Il était doué pour se moquer,
quand il le voulait.
Et il s’était penché vers lui -ne serait-ce que pour ne pas être entendu, attirer l’attention ne lui avait jamais réellement plu.

« - Je suis là pour assurer la sécurité de l’île, tout ça… Nan, c’est pas vraiment mon genre. Je me suis juste dit que ça pouvait être drôle d’appartenir à l’organisation et d’avoir un contrôle total de ce qui se passait ici. Savoir ce que font les gens en temps et en heure… C’est moins chiant d’être du côté de ceux qui dirigent. »

C’était risqué de dire ça -et il le savait.
Mais pourtant,
quelque chose lui disait que ce garçon comprendrait -ou bien que simplement, ça l’amuserait. Et il n’était pas idiot, il n’était probablement pas la seule personne dans ce cas. Impossible que ça passe entre les mailles de l’organisation, ce genre de motivation.

« - Et toi, pourquoi t’es là ? »

Samail détourna le regard avec un soupir, bras croisés contre son torse ;
il n’avait jamais eu l’intention de parler sans obtenir quoi que ce soit en échange, alors il profiterait bien de ce changement d’attitude soudain…

« - Tu joues aux malins, mais en réalité, t’as l’air de te faire chier d’être ici… Les recrues sont toutes aussi mauvaises ? Ou bien t’as juste jamais trouvé personne à la hauteur de ton égo ? Ou peut-être que c’est juste l’attrait d’être haut placé… Tu peux tout me dire, tu sais. »