L’eau fraîche que tu jettes sur ton visage ne calme en rien le feu qui embrase tes veines et enflamme ton être. Tu observes le fond de l’évier, visiblement fasciné par le mélange tourbillonnant et rougeâtre que forment sang et eau avant de disparaître dans la canalisation.

A qui est ce sang ? A toi ou à l’autre ?

Tu ne sais plus. Tout est flou. Tu n’arrives même pas à te souvenir de ce qu’il s'est passé. Fixant tes mains écorchées et ensanglantées, tu essaies de faire fonctionner ta mémoire mais tout se mélange. Cette rixe avec cet ivrogne qui s'est dit qu’une femme seule dormant dans les rues serait facile à abuser, les batailles au front, les explosions, le rugissement furieux des armes, le goût de sable, la chaleur intenable, le sang… Tout ce sang… Le tien, celui de tes frères d’armes, celui de cet homme que tu viens sans doute de poignarder.

A qui est ce sang ? A toi ou à l’autre ?

Tu ne sais pas. Ton esprit déraille une énième fois et tu n’auras pas la réponse à cette question. A toi, certainement, vu l’état de tes mains.Mais la lame de ton couteau de combat - fidèle allié qui te suit depuis si longtemps déjà - est aussi couverte de sang ?

A qui est ce sang bordel ?!

Ta vision se trouble un instant. Elle devient opaque et écarlate tandis que du sang te coule dans l'œil. Tu passes de nouveau de l’eau sur ton visage et fixe ton reflet dans le miroir. Il te renvoie un regard aussi sombre que les ténèbres, animé d’une rage sans nom alors qu’il se pose sur ce faciès pâle à la lèvre fendue et à la pommette et l’arcade ouvertes. La colère s’amplifie alors que tu t’observes avec un peu plus d’attention.

Ce que tu peux détester ce visage…

Tu as tout pour plaire pourtant, enfin, quand tu n’as pas le visage tuméfié par les coups ! Un teint de porcelaine, des lèvres légèrement charnues et rosées, un nez fin et un peu retroussé, un menton fin, des pommettes hautes et des yeux… Des yeux en amandes, sombres comme les abysses, profonds, si envoûtants qu’on pourrait s’y perdre des heures. Mais on évite, généralement. Ce sont des yeux qui pourraient tuer s’il le pouvaient. Ton regard est très souvent froid et tranchant comme de l'acier. Une mise en garde pour quiconque voudrait t’approcher. Mais, étrangement, cela n’enlève rien à ta beauté. On pourrait même dire que ce regard acerbe ne fait qu’accentuer ton charisme naturel.

Oui, tu es belle. Certes pas d’une beauté exceptionnelle mais tu ne reste pas désagréable à regarder. Grande et fine, tu as la stature parfaite pour du mannequinat. Mais ton corps, tu l’as destiné à toute autre chose que célébrer la beauté. C’est un corps tonique et sec, tel celui d’un Léopardus. C’est un corps taillé pour l’effort physique et le combat, comme peut en attester cette musculature légèrement saillante et développée. Un corps qui cache nombre de cicatrices dont une horrible brûlure sur le flanc droit. Mais tout cela est savamment caché aux yeux de tous sous des tenues sobres. Personne ne doit savoir, personne ne doit connaître tes faiblesses. Ils ne doivent voir que cette femme à l’aura froide et intimidante, au visage fermé et au regard tranchant, cette femme qui intimide et dont on ne peut pourtant pas détacher les yeux. Tu veux dégager l’image d’une femme forte, solitaire et indépendante en toute circonstance. Et en cela, ton corps et ton visage restent tes meilleurs alliés.

Mais tu les détestes. Ce visage, ce corps, cette apparence générale qui trahit ton sang Kantonnais au simple coup d'œil, si bien qu’on en vient à se demander si tu es réellement métisse. Tu n’as rien de Kalos. Tu as tout pris de ton père.Ses yeux, ses traits, même certaines de vos mimiques faciales sont similaires. Ce physique, si tu te sais chanceuse de l’avoir, tu le détestes au plus haut point.

Car quand tu te regardes dans la glace, c'est une réminiscence de l'être que tu hais le plus qui te vient à l'esprit. C'est l'image de l'homme qui est à l'origine de tout ça -  du fossé entre lui et toi; de la souffrance de ta mère durant toutes ces années, de ta colère, de ta rage, de la situation dans laquelle tu es actuellement - que tu vois dans le reflet du miroir. Tu lui reproches tout.

Car ce physique, si proche de ton père, ne fait que te rappeler qu'il est plus un géniteur qu'un père. Ce physique ne fait que te rappeler que tu n’es qu’une bâtarde non désirée.

Cette simple pensée suffit à raviver le brasier de ta haine envers toi-même. Une douleur lancinante te broie la main, te lance dans le bras, te vrille le crâne. Tu fermes les yeux un instant, espérant te réveiller de ce cauchemar avant de les ouvrir sur un reflet qui multiplie ton image autant de fois qu’il y a de brisures dans le miroir. Tes tympans sifflent. Tu n’entends plus grand chose si ce n’est ce bruit de goutte à goutte qui se réverbère dans le fond de l’évier de cette station miteuse où tu tentes de te laver de tes crimes.

C’est ton sang qui goutte comme ça où l’eau du robinet ?

Tu sais cette fois. C’est ton poing ensanglanté, toujours fermement plaqué contre le miroir qui est à l’origine de ce son. Ton sang tombe, goutte à goutte contre l’émail blanc du lavabo, venant souiller le blanc maculé de l’objet avec un écarlate épais et visqueux qui s’éparpille en millier de microgouttelettes. Tu fixes ce spectacle macabre avec une attention presque glauque. Ce contraste te fascine sans que tu ne sache pourquoi. Tu l’observes un instant, un long moment. C’est glauque, peut-être, mais ça a le mérite de faire taire le vacarme incessant de tes pensées torturées.

C’est plus fort que toi. Quand ce mot interdit est prononcé ou te vient à l’esprit, tu pars en vrille.

Depuis quand es-tu aussi violente ? Quand est-ce que ça a déraillé chez toi ?

Depuis toujours…

Oui, c’est vrai. Tu as cette rage dans le ventre depuis des années maintenant. Cette colère t'habite depuis que tu es en âge de comprendre les choses. D’abord frustration d’être un enfant délaissé par son père, elle a mué en un sentiment bien plus sombre et insidieux, un sentiment dont tu n’as jamais réussi à te débarrasser. En colère, tu l’es depuis l’adolescence. “Un visage d’ange mais un caractère d’Ursaring mal léché”, comme s’amusaient à le dire tes profs. Tu as toujours été une teigne, une tête brûlée, une forte tête. Il fallait bien ça pour survivre à l’Enfer du lycée, n’est-ce pas ? Ta relation avec ton père a forgé ton cœur de pierre et le harcèlement scolaire ta carapace d’acier.

Un cœur de pierre, vraiment ? C’est ce que tu veux faire croire. Tu es dure, avec le monde, avec les gens et surtout avec toi-même mais tu n’es pas sans sentiment. Tu mets simplement cette barrière entre toi et les gens, pour ne pas les faire souffrir car tu fous tout en l’air, tout le temps…

Tu n’es pas quelqu’un de bien. Tu es une sale bête. Une bouteille de gaz dans une cheminée qui menace à tout instant d’éclater.

Du moins est-ce la vision que tu as de toi-même. D'autres diront que tu es loyale, pleine d’honneur, tendre et bienveillante avec ceux qui sont importants. C’était sans doute vrai, il fut un temps. Mais plus maintenant. Maintenant… Et bien…

Tu n’es plus qu’une étrangère, même pour toi-même. Tu ne te reconnais plus. Quand t’es-tu perdue comme ça ?

Ça a commencé avec l’armée, les combats. Tu as perdu un peu de toi à chaque mission. Rejeter la seule personne qui t’ait jamais montré de l’affection t'a amené au bord du précipice et la mort subite et brutale de ta mère t’as achevé. Depuis, tu n’es plus que l’ombre de toi-même, une coquille vide, un esprit tordu qui ne fait plus la différence entre la réalité et l’Enfer qu'ont été les combats, un corps qui se contente de survivre, une âme rongée par la colère, la haine, qui ne peut se départir de cet horrible besoin de destruction.

- Faust’, cette fois tu as touché le fond… Murmure ta voix éraillé par l’envie de fondre en larmes.

Mais tu ne le feras pas. Par fierté. Car s’il y a une chose qui t’anime encore plus que la rage c’est l'Orgueil. Ne jamais demander d’aide, encaisser et se relever à chaque fois, plus forte et déterminée à chaque fois. C’est ton mantra, ton credo. Mais malgré cette rigueur que tu t’impose, tu reste humaine, Faustea. Et aujourd’hui, tu as atteint la limite de ce que tu peux supporter. Tu ne le sais pas encore. Non. Tu es simplement dans le déni. Tu es fatiguée, si fatiguée… Dans ton fort intérieur, au plus profond de ton inconscient, tu désires qu’on vienne te sauver, qu’on tende une main salvatrice dans ta direction. Tu le désires si fort, sans même le savoir…

Et même ainsi tu serais encore capable de mordre la main qui viendrait te sauver.

Mais personne ne viendra te sauver ce soir, Faust’. Ce soir, tu plonges un peu plus dans les limbes de cet Enfer que tu as créé.

Un type favoris?

Acier, combat et dragon

Un pokémon craint?

Faust' n'ets guère à l'aise en présence de Voltorbes, d'Electrodes ou tout autre pokémons capable d'utiliser Destruction.

Son lien avec les pokémons?

Les pokémons, Faustea ne s’y est intéressée que très tardivement. Contrairement aux autres jeunes de son âge, jouer les dresseurs ne l’a jamais réellement tenté. Son premier contact avec les pokémons, elle l’aura durant sa formation militaire, lorsqu’on lui désignera un Galekid comme compagnon de combat. D’abord considéré comme une simple arme, cette boule d'acier deviendra un amie fidèle sur qui compter et sa mort peinera beaucoup la jeune femme qui n’a plus voulu reprendre de pokémon depuis. La même crainte l’anime au sujet des pokémons que des humains. Si elle sait que les premiers sont plus fidèles que les seconds, elle craint tout de même de blesser ou perdre un autre être cher si on lui confie de nouveau un pokémon. De façon général, Faust’ a beaucoup de respect pour ces êtres extraordinaires qui partage le quotidien des humains.