Ce n’était pas ton premier hiver à Novabi, et tu t’étais consolée que ce n’était pas le dernier. Au moins, c’était beaucoup moins rude qu’à Kalos; Roquarelle, malgré ses airs ennuyeux, était relativement calme. Même lorsqu’il s’agissait de la température !

La fraîcheur et la poudreuse ne t’arrachaient pas ta routine habituelle; tu te levais deux heures d’avance pour te rendre juste assez mignonne pour travailler. Tu choisissais tes vêtements les plus mignons, en faisant au mieux pour raccorder les couleurs même si tu ne les voyais pas aussi bien. Tu avais même demandé un peu d’aide à ta Chinchidou ; une chance pour toi, elle t’avait évité la catastrophe de mêler deux couleurs qui clashaient un peu trop.

Agnès vêtue de rose, Agnès qui travaillait en jupe. Agnès qui croisait ses cheveux et qui décorait sa coiffure de deux rubans rouges qui venaient ramener le pigment de ses yeux. Ce pigment que tu ne voyais malheureusement pas.
Tu venais rougir tes lèvres d’un pigment de couleur jus de fruits rosé, juste pour souligner ton sourire. Tu aimais être mignonne et coquette à tes heures; et ça, ça faisait partie de la routine. Une délicate paillette pour illuminer tes grands yeux de Vivaldaim, et tu étais enfin partie.

Tu prenais ton sac alourdi de breloques, tu mettais ton manteau qui ne te protégeait pas assez du froid. Au diable; tout ce qui compte, c’est qu’il soit mignon.

Tu arrivais d’avance, comme d’habitude. Tu accrochais ton manteau et ton sac, tu t’installais sur le petit banc derrière la caisse fraîchement comptée. Tu attendais, quelques minutes, et tu pouvais enfin mettre la clé dans la porte.
Une autre journée qui se déroulerait comme prévu.
Tes clients passeraient et iraient; ils viendraient s’acheter leurs boissons et sucreries favorites importées de Kanto. Ils te salueraient brièvement, et certains même te diraient qu’ils aiment ta tenue ou même ton maquillage.
C’est comme ça tous les jours, et ça te plaît.
Et cette journée n’était pas différente. Au coucher du soleil, il approchait 18h, c’était le moment de remettre la clé dans la porte et rentrer chez toi. Mais avant, tu avais des petites choses à faire.

La  clochette de la porte vitrée tintait alors que tu passais le balai dans l’allée du fond. Et si tu poussais un soupir découragé, tu venais lancer de la voix la plus sympathique.

« Pardon, je ferme dans deux minutes et puis… »

Tu t’arrêtais d’un mouvement brusque. Cette aura froide, une silhouette élégante aux longs cheveux brillants qu’il t’arrivait d’envier. Tu étais surprise de la voir ici, surtout que tu ne te souvenais pas de lui avoir mentionné où tu travaillais.

« Oksana ? Qu’est-ce que tu fais à Roquarelle ? Je croyais que tu étais tout le temps occupée à Primcore ! »

La route a dû être longue pour elle, tu t’empressais de fermer les lumières du magasin et verrouiller la porte pour empêcher d’autres clients d’entrer.

« Merci d’avoir pensé à moi ! J’avais très envie d’un chocci en plus… »

Tu lui adressais un sourire qui se voulait grand et innocent, avant de venir compléter la fermeture du commerce. Tu venais doucement glisser ton manteau sur tes épaules, et prendre le gobelet entre tes petites mains frêles.

« Tu as envie de venir chez moi ? C’est un peu petit, mais c’est confortable, et je n’ai pas souvent de la visite… Sinon, je peux marcher avec toi vers la gare. »

Tu ricanais de manière gênée; tu ne t’attendais pas à de la visite, et tu avais tendance à vivre dans le désordre… Tu espérais seulement que Cotonnelle soit passée derrière toi !