FT. Ludwig V. Winter
FT. Madelyn Lodge
FT. Ludwig V. Winter
If only I could, I'd make a deal with God
Ça n’allait pas très bien, tu étais tombé de haut depuis l’incident, toi.
Tu avais l’habitude d’être si sociable, si rassurant, si doux. Tu savais parler bien, et aider les gens surtout, la meilleure écoute possible. Et maintenant ?
…Il y avait place à l’amélioration, si on pouvait dire ainsi, oui.
« Oh. Oui. Un grand enfant de dix-neuf ans. »
Le court écart d’âge entre Lupin et toi surprenait souvent les gens, mais bon. Déjà, tu ne faisais pas tes vingt-sept ans. Et ensuite, les gens ne s’attendent pas toujours que ta grande soeur ait eu son enfant à quinze ans… Donc. Tu n’en voulais pas à cette jeune fille pour cette assomption.
Cette Madelyn semblait avoir pris la peine d’aller te chercher un croissant et un thé glacé; après tout, tu sentais le Earl Grey et l’encens à plein nez, dire qu’elle avait deviné tes goûts n’était que la bonne réponse. Tu souriais légèrement en prenant les deux articles, mais sa remarque sur le déjeuner te faisait légèrement ricaner.
« J’ai l’air de quelqu’un qui saute le déjeuner ? »
En faisant référence à ta légère prise de poids. Oh, tu devais avoir facilement pris une dizaine de kilos depuis ton arrivée à Novabi, ce qui n’était pas une mauvaise chose, considérant à quel point tu étais en sous-poids avant. C’est difficile d’accepter cette nouvelle apparence lorsque tu te regardais dans le miroir, mais disons Ludwig que tu étais à un point où ton poids était le dernier de tes soucis.
Ce n’était pas comme si quelqu’un verrait une once de la surface de ta peau.
Vous vous étiez enfin présentés. Elle s’appelait donc Madelyn ? Ça lui allait plutôt bien ce prénom, en réalité. Elle avait une tête de Madelyn. Elle allait terminer sa phrase que vous étiez interrompus par un vacarme entre chat et oiseau, tu pouvais reconnaître le rire de Iago ainsi que ses sifflements. Un soupir exaspéré, que tu suivais Madelyn dans la pièce où vos deux Pokémon jouaient à se pourchasser, un jeu très probablement initié par Iago qui venait narguer cette pauvre chatonne.
« Quel imbécile… Iago, descend de là tout de suite. »
En reconnaissant le ton plus stricte que tu venais prendre, ton Pijako venait prendre son envol pour venir se poser sur ton bras, que tu avais positionné pour servir de perchoir. Évidemment, pour se faire pardonner, Iago utilisait de son habituelle manipulation, venant presser son bec contre ta joue.
« Mmmmmmwah ! Bisou ! »
« Je suis encore fâché. »
Et évidemment, il venait faire des coeurs avec ses plumes, les gonflant pour t’impressionner. En guise de punition, tu venais déposer Iago sur la poignée du petit chariot de la bibliothèque, son perchoir de prédilection lorsqu’il ne s’agissait pas de la fenêtre, pour tendre les bras et aller chercher la petite Skitty en hauteur.
Ça avait ses avantages, d’être un peu plus grand. Tu pouvais aller chercher ce que les autres ne pouvaient pas atteindre.
Tu venais doucement soulever le Pokémon de Madelyn, pour venir la descendre de cette étagère trop haute pour elle, et venir la ramener à sa dresseuse comme il se devait.
« Vois-tu, je laisserais Iago chez moi… Mais je souhaite éviter l’incident B-I-S-C-U-I-T-S à nouveau… D’ailleurs, je te laisse deviner ce mot, si on le dit à voix haute, il devient fou. »
« Ah ! »
« Chut Iago, on est à la bibliothèque. »
En guise d’obstination, ton Pokémon venait gonfler ses plumes et piétiner contre son perchoir, un signe de provocation chez les oiseaux. Évidemment, ton premier réflexe était de l’ignorer; avec un peu de chance, il irait se percher et se reposer au soleil après s’être calmé. Et comme de fait, tout rentrait dans l’ordre très peu après, puisque ton Pijako cessait son petit spectacle pour retourner se percher à la fenêtre pour prendre son habituel bain de soleil de juillet. Quelque chose qui, d’ailleurs, semblait te soulager.
Vous aviez environ une demi-heure avant l’ouverture de la bibliothèque, autant prendre un moment pour manger ensemble, non ?
Tu t'asseyais à une table dans la salle des employés, et d’un geste de la main, tu faisais signe à Madelyn de faire de même. C’était un peu difficile de garder le contact visuel. Après tout, la seule personne à qui tu parlais en dehors de Iago, de ta thérapeute et de Lupin, c’était Lucienne, la vieille bibliothécaire qui t’avait engagée. Et généralement, tu évitais de faire ça trop long. Au point où Lucienne avait mal compris ton nom et que tu n’avais jamais osé la corriger, tu avais été rebaptisé ‘Lysandre’.
« Du coup… tu… Tu aimes ça, travailler à la bibliothèque ? »
Ah. C’est lourd comme première interaction, tu es rouillé. Il n’y a pas grand place à la conversation.
Tu venais prendre une bouchée de ton croissant et une gorgée de ton thé, que tu souriais légèrement en coin.
« Merci pour ça. J’aime bien le thé vert, même si le Earl Grey reste mon favori… »
FT. Ludwig V. Winter
If only I could, I'd make a deal with God
Elle semblait nostalgique, cette jeune femme.
Tu ne pouvais pas vraiment la blâmer. Il t’arrivait toi-même d’être nostalgique à tes heures perdues. C’était d’ailleurs pour cela que tu avais du mal à t’endormir, le soir, hein, Ludwig ?
Elle te disait qu’elle se rappellerait de tes préférences; tu en doutais, honnêtement. Tu n’aimais pas spécialement qu’on se rappelle de toi. Ce ne serait qu’une petite conversation d’une fois, et après, elle ne t’adresserait plus jamais la parole. Enfin, c’était ainsi que tu semblais apprécier tes liens, dans un sens, Ludwig.
Tu ne méritais pas d’attention.
D’ailleurs, la nostalgie semblait te frapper alors que tu levais finalement les yeux vers son visage (ça t’en aura pris, du temps). Des yeux d’émeraudes et une cascade de cheveux de blé; un souvenir familier et éphémère caressait ton esprit, alors que tu t’empressais de le chasser de ton esprit.
(Béatrice, j’aimerais que tu cesses d’hanter mon esprit.)
Mais cette Madelyn osait te posait la question qu’il ne fallait pas poser.
Qu’est-ce que tu faisais à Novabi, Ludwig ?
Tu marquais une longue pause d’un soupir soutenu alors que tu venais déposer ta nourriture sur la table, retenant de justesse la petite Skitty maladroite.
« C’est une longue histoire… Je… »
Tu ?
La petite Margot venait surtout sauter sur ton torse pour attraper ton chapelet, ne manquant pas à te faire légèrement sursauter. Tu ricanais légèrement, venant glisser ce pendentif qui t’était précieux sous ta chemise, pour venir caresser la tête du chaton d’une main qui se voyait presque distraite.
« Je crois que ce n’est pas très approprié comme première conversation, non ? Après tout… On ne sait jamais à côté de qui l’on s’assoit… Surtout à Novabi. »
Peut-être côtoyais-tu des fraudeurs, des narcissiques, des voleurs…
Des tueurs ?
Oh, si tu savais, Ludwig. Si tu savais ce que les autres étaient prêts à faire. Ce dont l’être humain était capable.
Voyant que tu accordais un peu trop d’importance à un Pokémon qui n’était pas lui, ton fou de Pijako venait utiliser ta tête comme perchoir, pour tirer sur tes mèches cendrées retenues en demi-queue de cheval, venant de faire couiner sur la surprise.
« Miam miam biscuit ? »
« …Pour répondre à ta question, oui, il a énormément de personnalité. Si j’avais su, j’aurais choisi un autre Pokémon. »
« Ah !! »
Iago venait se percher contre ton épaule, venant presser son bec contre ta joue, faisant mine de te donner des bisous. Tu finissais par céder; peut-être que si tu lui donnais son fameux biscuit, il cesserait de t’embêter.
De ta boîte à lunch, tu sortais un tout petit paquet de biscuits Oréo.
« Tu n’as le droit qu’à un, compris ? »
« Biscuit pour Iago ! »
Et tu venais le lui donner. À ta grande surprise, il n’avait pas aussi tenté de t’arracher les doigts en venant prendre le biscuit.
Mais c’était assez pour combler ton perroquet qui reprenait encore son envol; avec un peu de chance, vous auriez la paix pour le reste de la journée.
« Pourquoi cette question, Madelyn ? »
Cherchait-elle à trouver pire que ses vices au-travers d’une question aussi intrusive ? Car pourtant, Ludwig, tu avais tendance à garder pour toi ce genre de questions. Après tout, la curiosité tuait le Skitty, non ?
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Insensible ?
Oh, tu ne serais pas allé jusqu’à dire qu’elle était insensible. Tu n’étais pas du genre à sauter aux conclusions aussi rapidement; tu lui faisais signe de la main que ce n’était rien.
On passe à autre chose, tu te disais.
Tu lui posais toi aussi une question; pourquoi te l’avait-elle posée ? Tu venais doucement relever les yeux, redirigeant ton attention sur elle. Elle soupirait légèrement, marquant ce silence d’une brève réflexion alors qu’elle venait poser ses avant-bras contre la table.
Selon les dires de Madelyn, elle aurait un intérêt pour les sombres secrets des habitants de Novabi, prétendant comprendre le pourquoi du comment cette région abritait des gens. Tu venais pencher ta tête sur le côté, un très léger sourire tordait ton expression d’une certaine douceur qui se voyait pourtant paternelle.
« L’objectif premier de migrer à Novabi n’est-il pas de tout laisser derrière, prétendant que le passé n’a jamais existé ? Alors… Pourquoi questionner les autres sur ce dit passé ? »
Elle joignait ses doigts ensemble, abaissant le regard comme un enfant que tu venais de gronder. Mais tu venais te faire légèrement plus doux dans ta voix; elle t’expliquait qu’elle semblait avoir oublié comment sociabiliser. Elle aurait été isolée au long de sa thérapie. Le malaise venait légèrement te mordre les joues de rougeur; tu te sentais comme si tu savais quelque chose que tu ne devais pas savoir.
« J’apprécie le partage, sommes-nous seulement assez proches pour de telles confidences, déjà ? Enfin… Même si nous nous croisons tous les jours, il faut dire que tu ne sais toujours pas qui je suis. »
Ah. C’était presque gênant comme conversation, hein, Ludwig ? Mais tu étais gêné.
Peut-être que cette Madelyn n’avait que tendance à partager un trop plein d’informations ? Et alors que toi, le moins tu en savais, le mieux tu te portais.
Elle qui ne voulait pas se montrer intrusive, pourtant, tu te sentais intrus dans sa vie à elle.
« Ah ! Mes excuses, je ne voulais pas que mon approche semble ingrate… Mais ne t’en fais pas... Je peux comprendre, je ne sors pas beaucoup de chez moi, moi non plus. »
Tu venais tout légèrement ricaner en venant repousser une de tes mèches cendrées derrière ton oreille. Comme pour venir couvrir ton malaise d’une très légère bonne humeur naturellement fausse.
« Après, pourquoi sortir de chez soi si la peur même de l’extérieur nous ronge ? Ce n’est pas quelque chose que j’ai perdu en ayant un nouveau départ à Novabi, si on peut dire ainsi. Les gens sont toujours aussi angoissants, tu ne trouves pas ? »
Tu venais doucement grignoter sur ton croissant.
« Je crois que ma partie préférée de travailler à la bibliothèque, c’est le silence. Et si pourtant, lire ne fait pas spécialement partie de mes hobbies les plus passionnants, je trouve un certain réconfort à être entouré de bouquins. C’est mieux que le brouhaha des gens, en tout cas. »
FT. Ludwig V. Winter
If only I could, I'd make a deal with God
Angoissant. Le monde était angoissant. Dangereux.
Faire confiance à autrui n’était pas une tâche facile pour toi, hein, Ludwig ? Parce que toi, tu t’es fait trahir par une des personnes en qui tu avais eu le plus confiance. La personne qui t’hébergeait, te rassurait, t’encourageait, celle qui t’a pris sous son aile…
Il s’agit également de la même personne qui a vulgairement tenté de t’assassiner.
Et qui a assassiné celle que tu aimais.
Sachant que cet homme était si proche de toi. Que tu as dormi chez lui, qu’il t’a nourri, que tu lui as fait confiance. Que tu lui faisais confiance les yeux fermés.
Pourrais-tu réellement faire confiance à une autre personne, un jour ? C’était presque inconcevable. Mais c’était aussi inconcevable de vivre dans cette peur que tu ne savais faire taire. Un jour à la fois.
Un mécanisme de défense douteux à la fois.
Mais Madelyn semblait heureuse de t’avoir rencontré. Elle soulignait même que si sa Skitty s’ouvrait à toi, c’était que tu n’étais pas quelqu’un de mauvais. Un sourire triste venait briser ton expression neutre, alors que tu venais gratter le menton du chaton aux yeux fermés.
Tu n’étais pas mauvais, hein, Ludwig ?
Elle avait raison. Mais toi, tu te considérais comme une personne dégoûtante, dangereuse, qui apportait le malheur…
Quand vas-tu comprendre que l’abus des autres n’est pas de ta faute, Ludwig ?
« J’espère voir ce que tu vois, un jour, Madelyn. Mais en attendant, je ne te cache pas que j’aime bien Margot. Elle miaule pour me dire bonjour et elle grimpe sur ma chaise lorsque je m’absente, en fait, je la retrouve souvent endormie sur mon clavier. »
La petite chatonne venait prendre place contre tes genoux alors que tu finissais de manger ce que Madelyn t’avait rapporté. Bon… Les croissants n’équivalaient sans doute pas les croissants Kalossiens, mais ça te convenait quand même. Tu venais poser tes yeux sur l’horloge. Eh bien, c’était déjà l’heure d’ouvrir la bibliothèque, de vous plonger dans le silence lorsque les premiers lecteurs arriveraient…
Ah, oui.
Le premier lecteur étant nulle autre que votre collègue de travail (et propriétaire du bâtiment); Lucienne la bibliothécaire. Tu avais vu sa tignasse bouclée serrée colorée d’une teinture en boîte roux (ou plutôt orange) pour garder son âme jeune, ainsi que son rouge à lèvres trop rouge.
Disons qu’elle était difficile à manquer, surtout lorsqu’elle cognait dans la fenêtre ainsi.
Margot logée dans tes bras, tu venais te regrouper aux côtés de Madelyn, voyant l’expression de votre patronne fendre en un plus grand sourire, voyant que vous étiez tous les deux présents, ensemble. À quoi s’attendait-elle ?
La bibliothèque de Primcore n’avait que trois employés.
Tu lui souriais en lui envoyant la main à ton tour, te penchant vers Madelyn.
« Oui… Justement. Elle est en congé aujourd’hui. »
Et voyant que vous n’ouvriez pas la porte, Lucienne ouvrait elle-même la bibliothèque avec ses propres clés, ouvrait la grande porte vitrée devant vous.
« Oh, bon matin vous deux ! Si c’est pas la petite Madeleine et le beau Lysandre ! Vous êtes là de bonne heure, il commence à faire chaud dehors ! »
Tu n’avais jamais osé corriger Lucienne sur ton prénom, ce serait assez pour qu’elle ne soit pas capable de le prononcer. Une chance pour toi, tes chèques de paie étaient au bon nom, merci à l’Organisation de s’en occuper et non cette vieille folle.
« Je passais pour vous dire un beau bonjour ! Et j’ai un petit quelque chose pour Lysandre ! »
Tu fronçais les sourcils dans une certaine confusion, penchant un peu la tête sur le côté. Tu avais des ennuis ou bien ?
Mais contre toute attente, Lucienne venait fouiller dans sa grosse sacoche en cuir avec un peu trop de porte-clés accrochés aux ganses. Cette dite sacoche qui semblait plutôt comme un sac infini de magicien, à voir comment elle fouillait dedans… Cette sacoche qui devait être lourde; Lucienne pourrait assommer un homme avec, et si elle tombait à l’eau, sans doute qu’elle coulerait.
Contre toute attente, elle venait sortir une enveloppe à ton nom, qu’elle te tendait. Elle était petite et large.
« Je pars en vacances demain. Comme c’est bientôt ton anniversaire, je voulais te le souligner ! Tu liras la carte chez toi, je t’ai laissé des sous dedans, gâtes-toi et commandes-toi un truc que tu aimes manger ! »
Comme choqué par la soudaine attention, tu ne savais pas trop quoi répondre. Lucienne t’estimait assez pour prendre de son temps et t’écrire une carte pour tes vœux d’anniversaire, et elle venait te faire un cadeau aussi ?
Tu étais étrangement touché, tu venais légèrement sourire.
« Merci beaucoup, Lucienne. Ça me touche, vraiment. »
« Eh, toi là ! T’es un beau jeune homme, mon Lysandre ! »
Elle venait te prendre les joues pour te les pincer, ce qui ne manquait pas de t’agacer, mais tu venais légèrement ricaner pour détendre l’atmosphère.
« Tu sortiras la p’tite Madeleine ! Vous êtes beaux, ensemble, vraiment ! »
Ta collègue et toi échangiez un regard confus, ainsi qu’un sourire gêné.
Ce n’était qu’une autre blague de Lucienne ça, non ?
Ou… avait-elle plutôt pour plan de vous aider à vous mettre en couple ? Vraiment, vous étiez plutôt son ship du moment…
« Tu n’étais pas en congé, toi, Lucienne ? » dis-tu, entre vos ricanements embarrassés.
« Oh ! Oui oui, je venais juste vous dire bonjour ! Ne faites pas trop de niaiseries pendant mes vacances, vous deux ! »
« Promis, madame. »