Ta vie elle a rien d’extraordinaire, mais c’est pas un long fleuve tranquille non plus…Gamin t’étais adorable, petite tête blonde qui aimait courir partout et apporter son aide à son père. Puis tes sœurs sont arrivées, les unes après les autres et tes parents t’ont malgré eux un peu délaissé. Tu n’étais plus le petit garçon, tu devais être le grand frère, celui qui donne l’exemple. Tu l’as été pendant un temps l’exemple, mais en grandissant ça a commencé à te prendre la tête. Déjà que vous n’aviez pas grande chose, tu n’avais en prime rien le droit de faire parce que les filles étaient trop petites, que tu ne pouvais pas leur montrer ce genre de choses maintenant. Mais toi, tu voulais vivre un peu, respirer, exister autrement que par le prisme de tes petites sœurs. Alors tu as tenu tête à tes parents et t’as commencé à déconner.

Quand t’avais pas envie, t’allais pas à l’Académie,ou alors tu faisais semblant pour mieux traîner dans les rues de Novabi. T’as commencé à sortir avec des gens peu recommandables et tes notes qui autrefois faisaient la fierté de ta famille commencèrent à baisser significativement. Finalement t’as abandonné les cours et ton père t’as forcé à apprendre son métier, pour que t’apportes quelque chose à cette famille. Tu criais à tout va que ça te faisait chier que c’était de la merde, mais au fond c’était juste pour faire criser tes parents, au final tu l’aimes ce métier et tu regrettes que ton père soit plus là pour le partager avec lui.

Entrer dans le monde du travail ne t’as pas empêché de continuer tes conneries. Les bastons de rues, les règlements de compte. T’as fait des choses pas très jojo Zelan et si t’as déjà fini plusieurs fois au poste, t’as jamais vraiment été puni pour tout ça. Cela dit, tu as fini par te calmer un tant soit peu, pour protéger les tiens. Parce que même si tu te comportes comme un parfait connard avec eux tu veux pas qu’il leur arrive des bricoles. Tu le fais surtout pour Lilith, de deux ans ta cadette, la seule à qui tu t’intéresses vraiment, vous êtes comme les deux doigts de la main et tu lui as toujours donné beaucoup de soucis à se faire.

T’as eu ton premier Pokémon aussi quand t’as eu seize ans, une nouvelle opportunité pour toi de foutre ton bordel à la maison et en dehors. Ce petit gars, tu l’as rencontré lors de tes escapades nocturnes et tu sais pas pourquoi, mais vous semblez vous êtes compris de suite l’un et l’autre. Tu le voyais que quand tu passais dans le coin à l’époque puis au fil du temps vous êtes devenus potes et vous vous êtes plus lâchés. Aujourd’hui encore il est là pour toi envers et contre tout, envers et contre toi quand tu vas trop loin.

Les années ont passé sans que jamais tu ne changes, puis ta dernière soeur est née et tu t’es rendu à ce putain de festival. Ils se sont rendus à ce putain de festival. Tu le savais pas à la base, trop occupé avec tes potes à préparer des coups foireux. C’est quand les choses ont dérapé que t’as compris qu’ils étaient là. Quand t’as vu Anya, ta sœur de quatre ans en pleurs au milieu de la cohue des gens qui tentaient à tout prix de quitter le dôme. T’en avais jamais rien eu à foutre, mais là ton sang s’est glacé. T’es resté con pendant un instant avant de réagir, avant de courir pour l’attraper dans tes bras et plus la lâcher. Pour te démener pour tous les retrouver. T’as retrouvé Lilith assez facilement et elle était avec Elsie, la petite de sept ans. Mais aucune trace de Cleia, ni des parents, ni du bébé. Alors t’as confié les deux petites à Lilith, tu lui as hurlé de se barrer et t’es reparti dans la panique générale. Les Pokémons ont commencé à s’échauffer, des Pokémons feu ont commencé à surgir de toutes parts et toi tu pouvais sentir ton cœur battre alors que l’apocalypse semblait se dérouler sous tes yeux. T’as cherché, cherché, t’as fini par trouver Cleia, sauvée par quelque inconnu que tu remercieras jamais assez. Mais pas tes parents ni la petite dernière. Introuvables. T’as failli y passer bien des fois en retournant chaque recoin pour les trouver, heureusement que ton Draby était là, sans lui tu serais sans doute mort. Comme tes parents. Comme ta sœur. Tu as fini par les trouver, quand tout a commencé à se calmer de manière miraculeuse, étendus, là, par terre et inanimés. Ton cœur a raté un battement et tu t’es précipité sur eux pour tenter de les ramener. Futile, plus rien en eux ne respirait la vie. Le temps que tu réalises, tout a semblé ralentir autour de toi et tu t’es mis à hurler de rage, de douleur, à insulter quiconque essayait de s’approcher de toi. Finalement, t’as été presque emmené de force aux urgences.

Tes autres sœurs, celles qui avaient survécu, sont venues te voir à l’hôpital pour prendre de tes nouvelles et dans l’espoir de trouver un réconfort. Tu les as d’abord envoyé chier puis tu t’es rappelé que si t’avais été là, si t’avais été avec eux au lieu d’être avec tes potes, si t’avais aidé tes parents avec les filles, vous auriez pu tous sortir bien plus vite et ils seraient encore là. Alors tu t’es fermé, tu t’es muré dans le silence et la douleur, sans rien en laisser paraître pour prendre le rôle qui te revient à présent. Celui de chef de famille, celui qui doit être fort pour les siens, qui doit s’assurer que personne ne manque de rien, celui que t’as jamais été, mais que tu deviens parce que y’a plus personne d’autre pour le faire…