Le froid de Lanula ;
cette étrange impression d'être piégé dans un interminable hiver.

C'était toujours ça, quand on quittait Relica. Hors du temps ; c'est de quoi avaient l'air les îles qui la bordaient, comme si elles étaient figées dans cet éternel climat. Ton souffle chaud s'embuait, à chaque fois que tu te permettais de soupirer un peu trop lourdement. Le froid alourdissait tes poumons, et malgré les vêtements qui te couvraient tu n'y échappais pas.

Ah...
Quand tu y réfléchissais, tu n'avais jamais mis les pieds aussi loin là-bas.

Tes pas foulent la neige,
ils y laissent des traces ;
tu chasses du regard les flocons qui volettent, gagne le point de rendez-vous les mains dans les poches -les cheveux portés par le vent, il n'y a rien qui préoccupe plus ton esprit que les événements  de ce moment. Sortir si loin n'était pas tant ton genre, pourtant... Et tu le savais, c'était insensé de prendre part à cette expédition. Parce que tu n'avais pas d'expérience ; tu n'étais pas mieux que n'importe qui pour être ici,
et tes gestes n'étaient pas dénués d'intérêt ;
venant de toi, ça ne l'était presque jamais. Tu avais peut-être quelque chose à y gagner... Ou des choses à y apprendre, de quoi satisfaire ta curiosité qui avait besoin d'être abreuvée. Et plutôt que d'attendre sagement des réponses tu avais choisi d'y aller. Sur ce point, tu n'allais jamais changé...
Et puis,
aucune chance que tu ne puisses ressentir de l'ennui si tu te retrouvais exposé au danger.

Alors,
un pas après l'autre
tu avances et tu finis par voir le groupe qui se dessine.

Il n'y a pas un visage que tu reconnais ; mais tu arrives à identifier les explorateurs des inexpérimentés, tu es peut-être même le premier à être arrivé... Toi et tes manies à ne jamais vouloir rien rater -à ne jamais être en retard, à ne vouloir rien manquer.
Tu dois garder des yeux sur tout ;
observer, contrôler,
tout connaître de ce qui t'entoure sans que rien ne puisse t'échapper.

« - J'imagine que vous êtes les autres participants à l'expédition... Je m'appelle Samail, ravi de faire votre connaissance. »

Un vague sourire ;
suffisant à cacher le manque de conviction qui s'échappe de tes mots -parce qu'en réalité tu n'as jamais été de ceux qui cherchaient à nouer des amitiés. Tu les laissais venir vers toi ; les acceptais parfois, s'ils suffisaient à piquer ton intérêt -c'était rarement autrement que ça se passait.
Et puis voilà que tu t'écartes ;
parce que ça n'a duré que quelques secondes mais tu t'es déjà fait assez remarquer pour l'heure, c'était le moment pour toi d'un peu t'effacer -te laisser respirer.
Tout le monde était couvert...
Du moins, c'est ce que tu avais pu constater. Même toi qui était du genre à ne pas faire de formalités tu avais pris le temps de te couvrir -épargnant tes cheveux d'une couche, ils étaient bien assez longs et épais pour suffire à protéger ta nuque, à te procurer la chaleur que tu méritais. Assez pour te réchauffer... Tu n'aurais pas trop froid, au moins -ça irait.

« - Oh, et... pardonnez Morphée, s'il a l'air de vous regarder avec un peu trop d'insistance. Il n'est toujours pas parvenu à se rendormir... Son ancienne partenaire lui a causé beaucoup d'anxiété. »

Ton regard se tourne et se braque sur le Mushana,
flottant à tes côtés et pourtant
il s'était presque effacé.
Et toi, tu ne peux que laisser échapper un soupir attristé. Il semblait bien qu'il ne parvenait toujours pas à te faire confiance, malgré tout les efforts que tu faisais... Peut-être était-ce à cause de ton hypocrisie ? Tu ne te rendais compte de rien ; n'arrivait pas à réaliser ce que tu avais bien pu rater. C'est pour ça que tu le laissais sorti, que tu passais tant de temps à ses côtés,
avec le nouvel espoir qu'il s'endorme et que son sommeil ne s'en trouve plus jamais perturbé.

Et dans ta poche,
ta main glisse sur la Pokéball de Calliope ;
comme un geste de regrets, comme si tu essayais de la rassurer du mieux que tu pouvais. Ça te faisait de la peine de l'admettre mais son évolution avait été si soudaine et instable... Tu ne pouvais pas te permettre de la sortir n'importe quand -parce que même toi ça t'échappait, même toi tu ne savais plus si tu serais capable de prédire ses coups et d'éviter que le surplus d'émotions ne la fasse vriller.
Ça n'était pas de ta faute, tu le savais ;
ça n'était pas non plus de la sienne,
ce n'était celle de personne
et ça vous peinait.

Alors,
pour ton dernier geste tu t'étais mis de côté.
Las, feignant la nonchalance, le désintérêt ; tes prunelles bleutés qui pourtant scrutaient inlassablement, discrètement les gens qui t'accompagnaient. Ils venaient les uns après les autres, des visages auxquels tu t'habituerais... Ou peut-être que tu aurais très vite fait de les oublier.

Résumé des actions de Samail:

A voir l'attitude qu'avait le chef de cette expédition,
Samail commençait à douter.

Il semblait... presque un peu trop irresponsable, pour avoir tout un groupe à gérer. Mais il n'en savait rien, si ça se trouve, peut-être qu'il le surprendrait. Fidèle à lui-même le bibliothécaire se tenait à l'écart -silencieux à une foule à laquelle il ne souhaitait pas vraiment se mêler. Ce groupe était composé de bien des personnes différentes ; des inappropriées aux impatientes. Sérieusement, cette dénommée Luna dans ses trop nombreuses couches semblait pourtant sur le point de mourir de froid...
Alors que lui,
il ne le sentait même pas.

« - La proposition n'est pas mauvaise... Mais on songera aux sandwichs quand le moment se présentera. »

Un sourire qu'il adressa à la jeune fille ;
au moins, il pouvait savoir se montrer reconnaissant pour ça.

Ceci fait alors le groupe se remit en route -dans le silence, le temps laissé à l'observation. Samail prêtait à peine attention à Sylvain qui s'arrêtait pour marquer les arbres, les ralentissait ; peut-être qu'il faisait bien, le bibliothécaire n'était pas dans son domaine de spécialité et cet homme-là semblait un peu plus expérimenté.
Sous leurs yeux,
les arbres commençaient à défiler.
S'enfonçant dans la forêt où il n'avait auparavant pas mis les pieds -sans doute à cause de la froideur du climat, ou simplement parce qu'il n'avait jamais rien eu à y faire là-bas. Mais il était là pour l'expédition, aujourd'hui... Et ses yeux prenaient bien soin de marquer dans son esprit le moindre détail de ce qu'il voyait, rien ne devait lui échapper.

Bientôt les secousses se font ressentir...
C'est pour ça que le groupe est là,
et ça le fait soupirer.

La forêt est plus dense ; Morphée le suit en flottant, les yeux grands ouverts alors qu'il semble comme lui faire tout autant preuve d'attention. Il regarde autour, cherche, muré dans son mutisme qui le caractérise si bien depuis que Samail l'a avec lui. Il ne ressent pas les secousses, le Mushana, et pourtant,
elles ne lui échappaient pas.
Ce n'était pas aujourd'hui qu'il dormirait paisiblement si en plus de ça, un rien venait troubler son esprit...

Et le temps que Samail revienne sur terre, le groupe s'arrête ; les chemins se séparent et il lui vient tout de suite à l'évidence que le groupe, au contraire, doit rester soudé -ce serait sans doute un peu plus problématique de devoir se diviser.

« - C'est... enchanteur, comme description, ce que vous nous dites-là... »

Il lève les yeux au ciel à la remarque de l'homme qui semblait vouloir prendre les initiatives, bien plus que leur chef attitré... Bah, ça n'était pas plus mal -Samail pouvait mais il n'était pas fait pour guider.
Des éclaireurs, hein...
Le bibliothécaire ne dit rien mais lui-même, il avait sa propre idée.
Alors d'un geste il sort une pokéball ; rappelle Morphée, tandis qu'une autre vient bien vite se manifester. Le Farfuret hargneux qu'il possédait avec lui semblait prêt à en découdre et entre eux c'était une relation particulière qui s'était installée. En un échange de regard, le pokémon comprit qu'il y avait quelque chose que son dresseur attendait.

« - Va escalader les arbres par-là, et observe depuis les hauteurs. C'est ce que tu feras de mieux. »

Mais il avait levé la main ;
lui faisant comprendre de ne partir que lorsqu'un signal serait donné, dans la direction attitrée.

« - Il ne vole pas, mais il est doué pour grimper. Il pourra observer sans problèmes depuis les hauteurs tout en se camouflant parmi les conifères... Les Pokémons volants sont un atout, certes, mais eux auront plus de mal à se cacher. Autant mettre toutes les options de notre côté. »

Résumé des actions de Samail:

Bras croisés,
en silence,
il était celui qui se faisait le moins remarquer.

L'ancien ranger était sans aucun doute le plus apte à les diriger -en quelques sortes un chef autoproclamé. Mais Samail avait toujours aimé agir de son propre chef ; ne pas avoir ses directives limitées par les pensées d'un autre et au sein de l'organisation, c'était une exception car les consignes étaient assez simples et claires pour lui plaire.
Du moins c'est ce qu'il disait ;
mais il ne se gênait jamais pour les détourner comme il le souhaitait.

« Hmm... ? »
Regard qui se lève enfin ;
presque lassé et désintéressé. Samail fait un pas vers le groupe, duquel il ne s'était pas encore trop approché -son Farfuret le rejoint bredouille, faisant comprendre que depuis le sommet des arbres il n'a rien de particulier à lui signaler.
« J'ai des pokémons qui savent se défendre, oui. Même si on va espérer ne pas avoir à en venir à de telles extrémités... Ne commençons pas à nous en faire. Et puis le nombre est assez conséquent, je doute que des pokémons sauvage nous posent problème... à moins de se retrouver confronté à une armée. »

Petite raillerie qui sort de ses lèvres ; il patiente, à observer sans cesser. C'était curieux comme environnement, tout de même. À un endroit les secousses s'étaient arrêtées ; à d'autres, elles continuaient. L'hypothèse des machines n'était peut-être pas improbable mais lui, ça l'interpellait.

« Des machines, ça supposerait que du monde agirait dans la clandestinité. Comment l'expliquez-vous autrement ? »
Encore une fois ce ton un peu hautain, ce ton de celui qui se croyait supérieur -à tout savoir alors qu'en tant qu'observateur, il était peut-être un peu plus privilégié. « Je pense que l'organisation recenserait n'importe quelle machine... Qu'elle lui appartienne ou non. Et comme l'a souligné Ruby, ça me semblerait assez étrange que les secousses aient cessé bien au milieu uniquement. Soit ce sont de petites machines, soit il y a autre chose derrière tout ça... ».
Haussement d'épaule et regard qui part sur les côtés, il n'y avait qu'à son raisonnement qu'il pouvait complètement se fier. « Si ce sont des machines, il faut s'attendre à tomber sur quelque chose de potentiellement hostile. Et ce... même si ça n'en sont pas, en réalité. » Pas pessimiste, juste réaliste.

Et voilà que maintenant ils évoquaient l'idée de se séparer -parce que les compagnons ne revenaient pas, ils tardaient.
Judicieux...
Il savait bien où ça pourrait mener.
Mais ce serait mentir que de dire qu'il n'avait pas envie de lui-même bouger, parce que faire face à l'incertitude et à l'incapacité générale de se fixer sur une décision unique l'agaçait. Et puis... personne ne semblait réellement réaliser que sur le chemin du milieu, il y avait réellement quelque chose qui clochait. Déjà que voir les routes se séparer de manière si distincte, c'était presque un peu... surréaliste, comme s'ils étaient dans un scénario de film mal ficelé.
Et puis Luna avance ;
la jeune fille se fait happer sur le chemin.
La coupure dans ses mots intrigue un peu trop le bibliothécaire alors qu'il ne fait déjà plus attention à rien -lui qui songeait déjà à agir par lui-même était finalement bien décidé. S'éloignant du groupe, sans remarquer ce qui se passait de l'autre côté, il arrivait à hauteur de Luna et il semblait bien que tous soient entrain de se séparer.

« Luna, fait attention. »
Toujours rassurant, Samail ; cependant il n'avait pas tort, alors qu'il pose la main sur son épaule et épie autour de lui. Droit, alerte, presque un peu méfiant. Ce qui se passait ici n'était pas normal, il peinait à comprendre pourquoi il n'y avait plus de secousses. Et ce n'est qu'un peu tardivement qu'il repère les éclats de cristal -haussement de sourcil, il se penche, en subtilise un de Luna et sa main. « Qu'est-ce que... » il le tourne et retourne, l'observe, ne comprends rien « Ce n'est... pas normal. Je doute que tu sois stupide à ce point mais ne tente rien d'idiot avec ces cristaux. Ne les mange pas, ne les secoue pas trop. On ignore ce qui pourrait se passer si on essaie n'importe quoi. »

Il était plus sérieux, d'un coup -la nonchalance et le désintérêt volatilisé parce qu'il y avait réellement quelque chose qui l'inquiétait.
« Je vais t'aider à retrouver ton Larméléon. Et en profiter pour... »
Mais l'homme n'achève pas ses mots, un peu trop concentré ; la main qui plonge dans sa poche, une pokéball qu'il en sort et pourtant, semble hésiter. Invoquer Calliope était sans doute la meilleure des solutions... mais aussi une mauvaise idée.
« Luna, écarte-toi un peu. »

Il lance la pokéball ;
quelques mètres devant eux, la Sorcilence aux couleurs inhabituelles qui en sort avec grâce et habileté.

« Calliope... »
Samail l'appelle ; elle le regarde, regarde la jeune fille qui se tient tout près mais ne montre pas d'animosité ; il a remarqué à son attitude courbée que quelque chose ne tournait pas rond, avait attiré son attention. « J'ai besoin que tu avances un peu sur le chemin. Ne quitte pas ma vue. Mais essaie... de ressentir. Si tu trouves Larméléon, fais-moi signe. Mais surtout... si tu trouves que quelque chose cloche, abat tes griffes. »
Il lui désigne un arbre à marquer au cas où les consignes devraient s'appliquer ; grâce à l'aide de Calliope, si quelque chose n'allait vraiment pas sur ce chemin et dans ces bois, ils le sauraient.

Résumé des actions de Samail: